En ce 30 août, nous souhaitons un très joyeux anniversaire à Charlotte et publions son compte-rendu de mission de Service Civique à …
En ce 30 août, nous souhaitons un très joyeux anniversaire à Charlotte et publions son compte-rendu de mission de Service Civique à …
En ce 30 août, nous souhaitons un très joyeux anniversaire à Charlotte et publions son compte-rendu de mission de Service Civique à Deir-el-Assad (août 2017 – février 2018) !
Je m’appelle Charlotte, j’ai 24 ans et je viens de finir mon service civique à Deir El Asad, un village arabe de Galilée en Israël. Si j’ai choisi ce volontariat c’est lié à mon intérêt pour le Proche-Orient et le monde arabe, je voulais une expérience de terrain après avoir achevé mon master en Science Politique.
Ainsi, pendant cinq mois, conjointement envoyé par deux associations qui tendent à favoriser le vivre-ensemble et la cohésion sociale : CIEUX (organisme français) et l’IVA (son partenaire israélien) j’ai travaillé le matin comme professeure d’anglais au collège du village et au centre de jeunesse l’après-midi.
Plus concrètement, il s’agissait pour moi, ainsi que l’autre volontaire française, de seconder les professeurs d’anglais dans des classes de 7th, 8th et 9th grade au collège. Il s’agit d’enfant entre 12 et 14 ans. Nous animions la classe, très souvent en compagnie d’un professeur, indispensable pour la traduction. Si au début de la mission nous étions libres de choisir nos activités, il nous a rapidement été demandé de suivre le programme scolaire et donc le manuel. Nous n’étions pas trop de deux volontaires pour assurer une classe : l’une pour expliquer la leçon, l’autre pour la discipline (plus le professeur!). En effet, il est impossible d’entendre une mouche voler dans les salles de classe de Deir El Asad ! Nous ne donnions que trois heures de cours par matinée mais cela nous prenait déjà beaucoup d’énergie !
Nous pouvions ensuite nous reposer jusqu’à 16h, heure à laquelle nous devions nous rendre au matnas : le centre de jeunesse. Ici, il nous été demandé d’organiser des activités pour les enfants du village. Nous avons établi en début de mission un emploi du temps. Chaque jour de la semaine, deux activités étaient proposées : l’une de 16h à 18h et la seconde jusqu’à 20h. Tout était plus compliqué : bien que nous ayons placardé nos planning partout (de l’école jusqu’au matnas), nous avons eu du mal à mobiliser les enfants. Si nous nous sentions parfois désemparées, cela nous a aussi permis d’avoir une large marge de manœuvre, une grande autonomie.
Les moments de « rien » où nous n’avions pas d’enfants à gérer sont devenus aussi des moments que nous partagions avec le manager du matnas, les volontaires locaux ou les enfants qui venaient simplement pour bavarder. Au final, j’ai l’impression d’avoir passé énormément de temps la-bas, pas seulement pour accomplir la mission dont j’étais en charge mais aussi pour s’intégrer à la vie du village et sa notion du temps en décalage avec ce que nous connaissons en France. Je suis donc tout à fait satisfaite de ce volontariat et ne regrette en rien ces cinq mois !
En parallèle de nos deux missions que je viens d’évoquer, nous nous sommes pleinement intégré à la vie du village. Nous vivions dans des familles (quelques soucis techniques nous ont fait changé quatre fois de famille d’accueil mais au moins nous avons eu une expérience variée). Nos hôtes nous amenaient régulièrement dans leurs familles, chez leurs amis pour des dîners, des cafés,… Nous avons vécu une immersion totale dans la culture arabe, nous avons vécu la vie du village comme si nous étions l’un de ses membres depuis toujours. Cela nous a permis de découvrir beaucoup : de la langue jusqu’aux habitudes et croyances quotidiennes en passant par les recettes secrètes de quelques familles ! Vivre dans une famille a vraiment été une chance pour nous, une expérience enrichissante et plus qu’intéressante !
Tous les week-ends (vendredi-samedi) nous partions découvrir un nouvel endroit. Nous avons passé qu’un ou deux week-ends à Deir El Asad. Aussi, nous avons bien pu découvrir la région et ce qu’elle a à offrir. C’est une zone très variée avec des paysages magnifiques, très différents et une histoire très riche. Il n’est pas très difficile de voyager, les réseaux de communications sont bons et des endroits pour jeunes voyageurs sont prévus. A la fin de nos six mois, nous avions réussi à visiter tous les endroits que nous avions prévu de voir
L’une des caractéristiques lorsque l’on est volontaire dans un village arabe en Israël est le côté éminemment politique de la situation. Lorsque les gens nous demandaient où nous travaillions, nous devions sans cesse répondre à « pourquoi » nous avions choisi cet endroit comme s’il était nécessaire pour nous de justifier ce choix qui apparaissait comme louche en premier lieu. Nous nous retrouvions très très régulièrement au milieu de débats. Nous apprenions l’arabe pour communiquer avec nos enfants. mais lorsque nous sortions du village, il fallait faire attention de ne plus utiliser cette langue, sous peine de regards suspicieux voir de remarques désagréables.
C’est tout à fait dommage que la culture arabe, composante essentielle du pays soit à ce point tabou. L’art de nier la réalité fait parti de la vie en Israël. La vie y est aussi très communautaire. Si la population est très diversifiée et donc d’une grande richesse, le vivre-ensemble n’est pas encore tout à fait d’actualité. Je pense aussi que le racisme est un vrai challenge dans ce pays.
Cependant, dans le cadre de notre village nous nous sommes très bien adaptées, en dehors de toute considération politique ou questionnement que cela pouvait provoquer hors de Deir El Asad. Nous avons été chaleureusement accueillie et il n’a pas été difficile de s’adapter aux nouvelles normes. Notre responsable nous a briefé dès le premier jour sur ce qui était approprié et ne l’était pas, en tenant compte de nos normes françaises. Le plus contraignant est la tenue vestimentaire mais il reste facile de s’adapter.
Personnellement, cette expérience a été un coup de cœur. J’ai aimé la région et la culture que j’ai découvert. J’aimerais rester en contact avec le Proche-Orient pendant ma vie professionnelle. C’est une région si riche et si complexe, il y a toujours plus à découvrir et c’est exactement ce que j’aimerais faire.
Professionnellement, j’ai développé mon autonomie et ma prise d’initiative dans un contexte culturel qui n’est pas le mien. Je pense aussi avoir développé mes compétences pédagogiques et je souhaite désormais continuer sur le chemin de la promotion du multiculturalisme, particulièrement face à un public jeune.
En somme, ce service civique a confirmé ce que je pensais avant de partir et j’aimerais continuer dans cette voie.
Charlotte Carré, Volontaire en Service Civique avec CIEUX et l’IVA